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C’est le nombre de contenus vidéos qu’ambitionne de produire par jour la nouvelle start-up américaine, Channel1.IA. Des présentateurs 100% générés par l’intelligence artificielle. Des contenus dans toutes les langues du monde en automatique. Un workflow de production permettant de traiter un volume de production complètement inégalable par l’homme seul. On sent bien qu’il se passe quelque chose avec cette start-up, et qu’on est peut-être face à une révolution dans l’univers du contenu. Donc vous commencez à me connaître, c’est parti tout de suite pour plonger dans le phénomène Channel1.IA.
Channel1.IA, c’est donc une start-up américaine, basée à Los Angeles.
Elle a été cofondée par deux entrepreneurs américains : Scott Zabielski, producteur et réalisateur, et Adam Mosam, entrepreneur. La start-up ambitionne de devenir la plus grande chaîne de News du Monde, rien que ça. En étant la première à devenir 100% IA, et 100%, ou presque, automatisée. Une belle promesse donc. Et c’est un premier coup de communication réussi avec brio en lançant fin 2023, leur premier teaser. La start-up y annonce plusieurs choses. Déjà, qu’elle dispose d’une utilisation très mature de l’intelligence artificielle générative pour créer un volume de production absolument pharaonique (500 à 1000 contenus vidéos par jour) Qu’elle a un potentiel d’hyper scalabilité mondiale, grâce à la traduction des contenus dans toutes les langues du monde, et une hyper personnalisation des contenus par zones géographiques.
Enfin, qu’elle vise à employer l’IA curative pour sélectionner des images d’illustrations, ou pour la création d’images de stock lorsque de vraies images ne sont pas disponibles. Et évidemment, comme la qualité des images, des interactions des avatars, et du montage semblent très séduisants, la start-up défraie la chronique mondiale et connaît tout de suite un retentissement mondial. Mais évidemment cela soulève un certain nombre de questions, à la fois sur le teaser en lui-même, ou sur l’avenir potentiel de la start-up, ou de sa technologie.
Quand on analyse les images, on ressent encore le fait qu’elles soient produites par l’intelligence artificielle. Même si la techno est de plus en plus mature, on ressent le côté robotique dans les mouvements des corps, et notamment du labial. On sent bien que les détourages de personnages sont un petit peu fondus dans le fond du décor, comme sur un mauvais fond vert. Bref, globalement en termes d’image, un œil averti remarque encore un certain nombre d’imperfections.
Au niveau audio, c’est déjà beaucoup plus bluffant. Les voix des avatars sont claires et nettes. Les traductions sont très poussées, et les recopies de voix en multilingues sont juste hyper impressionnantes.
Donc globalement, on voit que c’est en marche pour devenir du contenu audiovisuel de qualité, avec un potentiel fort pour finir par ressembler comme deux gouttes d’eau à la TV, mais qu’on n’y est pas encore. Évidemment, ce n’était pas la première fois que je voyais de la vidéo en IA générative automatisée. Donc j’ai voulu creuser la question de la fabrication et notamment de l’actif technologique utilisé par la start-up. Selon moi, et les recherches que j’ai conduites, il semblerait que Channel.IA s’appuie sur des solutions existantes et des API d’autres boîtes d’IA, et n’a pas de techno propriétaire pour le moment, ce qui n’exclut pas que ce soit le cas un jour. À date, pour la partie avatarisation, je pense qu’ils s’appuient notamment sur des technologies SAAS, comme Heygen, qui proposent globalement un service de création et d’animation d’avatar, sur base de texte. Start-up qui propose également une technologie assez robuste de traduction en multilingue avec maintien de voix originale.
Pour le reste, il semblerait qu’on soit sur des images générées par GPT-4 ou Midjourney, avec des légers effets de montage, réalisés là par des humains, avec des effets de zoom, de transitions, ou de volets, que je ne sais pas associer à date à des outils d’IA. Bref, ceci étant dit, on sent quand même le potentiel monstrueux que représente une solution de la sorte, pour créer des workflows novateurs, full ou quasi full automated, sur base d’IA générative.
La chaîne a pour ambition d’être totalement gratuite pour les utilisateurs, et compte faire reposer son modèle économique uniquement sur ses régies publicitaires. Elle compte être disponible sur X, Crackle ou encore Redbox, ou en V2, sur son application propriétaire.
Ce modèle présente en plus, un potentiel énorme, dû à l’hyper personnalisation des contenus, par langue et par zones géographiques, puisqu’ils seront en mesure notamment de faire du targeting très spécialisés, ou encore automatiquement de traduire les publicités de leurs annonceurs dans toutes les langues en automatique, ce qui représente un marché absolument colossal. La promesse de la start-up est d’adopter un traitement journalistique complètement neutre, ce qui semble pouvoir être garanti par une intelligence artificielle générative, bien encadrée. En revanche, des questions se posent sur la qualité des informations traitées en automatique et des sources employées.
La start-up a notamment annoncé prendre en considération toutes les dérives potentielles, pour créer un processus robuste et très maîtrisé. Notamment pour assurer la qualité des sources, une curation semi-automatisée, avec un traitement humain, ou encore une véritable charte d’éthique très poussée. Bref, un sacré projet, qui donne envie de voir la suite. Globalement, il semblerait que le teaser de Channel IA ait servi son objectif : créer une hype pour préparer une levée de fonds, ce qui semble se profiler pour une clôture en début 2024, ce qui permettrait de lancer la machine. Mais sans actif propriétaire, et avec un workflow réplicable, la start-up pourrait rapidement avoir des concurrents sérieux. Si on élargit un peu nos réflexions sur cette conclusion, qu’est-ce qu’on peut attendre de ce type d’évolutions pour le futur du contenu ? Eh bien pas mal de choses, à la fois positives et négatives.
Les IA génératives vont prendre de plus en plus de place dans la création, ou dans l’assistanat à la création de contenu. Il faut donc rapidement s’employer à comprendre et à utiliser ces technologies. Le marché du média et du contenu va être chamboulé pour toujours, avec évidemment les réductions d’emploi qui vont avec toutes révolutions économiques et technologiques. Il est donc temps de rapidement se mettre dans le train de l’IA, car même si l’intelligence artificielle ne va pas vous remplacer demain, les humains qui l’utilisent, oui.