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Zen l'émission, décryptage d'un phénomène

Rares sont ceux qui ont pu imposer des codes de réalisation TV sur le Web avec succès. Mais Zen l’a fait. Et avec brio.
L’émission Twitch reprend plus ou moins bien :
– Les codes graphiques et de décors des Late Show américains.
– Des mécaniques éditoriales 

– Des codes de réalisation Tous inspirés de ce qui se fait en broadcast, mais twistés pour entrer dans les codes du web.

Car elle le fait, pour mettre en image une partition d’humour très décalé, et très ancrée dans les références du monde culturel du web. Bref, c’est un joli succès, qui présente à la fois un bel aboutissement en termes de fabrication audiovisuelle, et des scores d’audiences tout à fait satisfaisants. Malheureusement, l’émission s’arrête, mais ça reste la première d’un genre, qui vaut le coup qu’on s’y intéresse. Donc je l’ai fait sur ma nouvelle vidéo YouTube. En voici la substance.

1) Le concept éditorial de l’émission Zen

Zen est un talk-show, qui aspire brillamment les codes des Late Show américains, et qui se les approprie pour créer une parodie à la française, sur touches d’humour, et de références à la culture internet.

Deux co-présentateurs, Maxime Biaggi et Grimkujow, tous deux issus des circuits Twitch, reçoivent en direct des invités majoritairement issus de l’univers du Web (malgré une ouverture récente, à Fabrice Eboué, l’humoriste ou SoSo Maness le rappeur de Marseille par exemple), pour parler de leurs parcours, de leurs univers et de leurs actus.

Le format, aux allures de talk-show américains, tant dans la direction artistique que dans la façon de réaliser, est un rouleau compresseur de vannes, de happenings, et autres calembours, faisant toujours état du même stratagème humoristique : frôler avec l’absurde.

Les équipes éditoriales doivent bien s’arracher les cheveux, pour crafter des dizaines et des dizaines de références de l’internet culture, et franchement c’est souvent très bien fait, et très bien amené.

L’idée générale est simple : découvrir des créateurs et des artistes sous un autre angle, via des interviews souvent absurdes, des blagues tellement pas drôles qu’elles le deviennent, et surtout, beaucoup, beaucoup de références à la culture internet.

On y retrouve des dizaines de mèmes, des parodies de sketchs, parfois eux-mêmes déjà parodiques, bref, c’est une cascade permanente complètement décalée, dans laquelle l’invité, les présentateurs, et tous les figurants, jouent une partition mi-écrite, mi-naturelle, qui donne vraiment plaisir à suivre.

Le concept est plutôt clair : conduire les interviews comme si les deux présentateurs méprisaient les invités, faire semblant de ne rien connaître à eux, ou alors parfois même de se tromper d’invités, et truffer le conducteur de blagues hors du propos, ou tout simplement décalées.

Ça, c’est pour le concept.

2) Les codes de mise en images de l’émission Zen 

Maintenant comment tout cela se matérialise.

Déjà, on sent que le format reprend des codes de réalisations télévisuels, mais que tout est fait à moindre coût. On sent bien, que tous les axes ne sont pas hyper travaillés, que beaucoup de places dans lesquelles ont lieu les happenings sont peu, ou mal éclairées, il y a souvent des chevauchements de son entre les chroniques, les happenings et les échanges principaux du plateau, etc., etc… 

 

Ce qui donne une impression de joyeux bordel, tout à fait en accord avec la ligne conceptuelle du contenu et de son écriture.

Évidemment, ces codes de réalisations proviennent probablement d’une volonté claire : ressembler à la TV, mais surtout, surtout, ne pas en être.

Le format présente une exécution technique relativement aboutie, mais repose surtout sur la force d’écriture de la Team ZEN, et sur un casting d’invités 5 étoiles, qui se prêtent au jeu de l’acting, et de l’absurde avec brio.

 

La distribution maintenant.

3) Une stratégie de diffusion bien orchestrée

 

Déjà, le long format est un rendez-vous régulier, toutes les 2 à 3 semaines, sur la chaîne de l’animateur principal : Maxime Biaggi. Ce direct convoque, en fonction des invités, entre 120 et 220K viewers en moyenne, et s’installe très haut dans l’échelle des contenus Twitch à succès.

Les replays sont ensuite mis à disposition sur la chaîne YouTube de ZEN et présentent également des scores d’audiences tout à fait séduisants. On sent que le format plaît et intéresse.

 

Mais surtout, le format a fait BOOM. De façon assez rapide, il faut le dire. En moins de trois ans (la saison 3 est en cours, et malheureusement, c’est la dernière), ZEN s’est imposé dans le paysage web médiatique avec brio, chapeau.

 

Et son succès si rapide provient d’une très bonne compréhension des mécaniques de marketing de contenu moderne.

Un long format qui est ensuite réemployé en des dizaines et des dizaines de courtes capsules en format 9/16ème, qui permettent d’inonder Instagram Reels et TikTok, pour capitaliser sur la viralité potentielle de leurs algorithmes.

 

Bien que le compte TikTok présente assez peu d’abonnés, les capsules font souvent des scores très élevés, et mettent les feux des projecteurs sur le format, et permettent aussi d’attirer une nouvelle source de trafic venant d’autres plateformes, que Twitch ou YouTube.

 

Car l’algorithme TikTok est basé sur le contenu, pas la communauté. Un bon contenu, qui provoque réactions, attention, et engagement, a de fortes chances d’exploser, qu’on ait des abonnés ou pas. Et ça, l’équipe de diffusion de Zen, l’a très bien compris.

 

Les capsules sont souvent de moments très forts et savamment choisis, les meilleurs moments d’humour, les plus beaux happenings, et parfois même quelques contenus exclusifs et originaux, permettent à Zen, de connaître un tel succès.

4) La fin de Zen, la fin d’une ère

 

Bon, malheureusement, il n’y aura pas de saison 4, selon les annonces du groupe Webedia et des co-présentateurs eux-mêmes. La fin d’une ère donc… Mais on aura été content d’avoir pu accueillir, sur le vivace écosystème de contenu francophone, un tel format, si novateur et si frais, qui m’a fait passer, je dois le dire, des moments incroyables.

 

Et puis, belle consécration pour le format, qui a même réussi à s’installer au Zénith de Paris et faire salle comble, avec comme invité le créateur Squeezie.

J’ai eu en plus le plaisir de collaborer avec Grim sur l’Ekwateur Cup 2. On a d’ailleurs produit un making-off hyper cool, sur le challenge technique et créatif du projet 😉 je vous laisse aller le checker, et nous dire ce que vous en pensez.

 

Lors de ce projet, j’ai pu constater à la fois sa gentillesse et son engagement pour porter des contenus originaux hyper qualitatifs. Et je suppose évidemment, que Maxime Biaggi présente les mêmes caractéristiques professionnelles et humaines. Alors je suis certain qu’on n’a pas fini d’entendre parler d’eux.

 

Si vous avez kiffé le décryptage, n’hésitez pas à me lâcher un petit commentaire, ou un petit Like, ça fait toujours plaisir, et je vous retrouve très vite dans un nouvel épisode de Haute Fréquence, pour continuer à décrypter cet univers fascinant des contenus.

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